Les 25 et 26 septembre se tenait Paris Web, une conférence accessible et inclusive qui promeut un web de qualité.
Cette année Paris Web fêtait sa 20ème édition ! L’occasion de faire le bilan des années passées... et de constater qu'on a bien fait de ne pas céder à la mode des GIF animés fluo des années 2 000.
- Conférence anniversaire
- Pour une formation accessible du design
- Passkeys, en pratique
- Handicap et recherche utilisateurices: des normes à l’expérience réelle.
- Mettez de l’ordre dans votre code
- Concevoir accessible pour les personnes déficientes visuelles au delà du RGAA
- RGESN: la force du collectif pour viser la conformité
- À la découverte du monde au travers de l’Unicode
- Lightning talks
Conférence anniversaire
Corinne Durrmeyer et Stéphane Deschamps ont ouvert les hostilités avec un retour sur la création de Paris Web en 2005. Ils ont rappelé qu'en 20 ans, la conférence a touché à tout : du code pur et dur au design de contenu, en passant par la typographie et le Green IT (pour que nos sites ne consomment pas autant que le jet privé de Mark Zuckerberg).
Ce qui rend Paris Web unique, c'est que l'inclusion n'est pas qu'un mot-clé : c'est la réalité. Alors que d'autres conférences parlent d'accessibilité, ici, on la fait :
- Des interprètes en LSF (Langue des signes Française) retranscrivent les conférences sur scène,
- La vélotypie : sous-titrage en direct à l’aide d’un Vélotype (clavier syllabique permettant de retranscrire à la vitesse de la parole) par deux personnes, l’une qui retranscrit et la seconde qui corrige, est également mise en place.
L’objectif est de permettre à chacun et chacune de se sentir inclus·e.
Ils font également un état des lieux du web d’aujourd’hui, notamment pour ce qui est des normes d’accessibilité et de leur adaptation aux interfaces riches (WCAG 2.2, ARIA 1.2).
Côté futur : le WCAG 3 sera agnostique face aux technologies et aux supports. À cette occasion l’acronyme WCAG change de signification et devient « W3C accessibility guidelines » à la place de « Web content accessibility guidelines ».
Pour une formation accessible du design
Cindy Quai est venue sur scène avec un vœu simple : que les métiers de la tech s'ouvrent aux personnes sourdes.
Elle-même sourde, elle explique à quel point suivre une formation « classique » a été difficile pour elle car, pour les personnes sourdes, toutes les informations passent par le visuel.
L’association « Académie des Sourdoués » propose des formations pour les étudiants et étudiantes sourd·e·s signant·e·s (pratiquant la LSF). Leurs formations sont basées sur la pratique, les tutoriels en LSF, et seulement après, la théorie.
Comme Cindy le rappelle : « Une vraie égalité des chances dans le numérique n’est pas une option mais un engagement ».
Passkeys, en pratique
Le sauveur de nos mémoires surchargées, Daniel Garnier-Moiroux, nous a parlé de Passkeys. Le concept ? Se débarrasser des mots de passe.
Daniel a fait une démo en direct, utilisant son empreinte digitale ou une Yubikey (le petit sésame USB qui vous fait ressembler à un agent secret) pour s’authentifier. Grâce à la cryptographie asymétrique, votre clé privée reste sagement sur votre appareil, protégée par votre empreinte ou par un code. La conclusion de la session : les passkeys sont le futur. Maintenant, si on pouvait faire disparaître les captchas de reconnaissance de feux de signalisation, ce serait parfait.
Handicap et recherche utilisateurices : des normes à l’expérience réelle.
Justine Nicol nous a ramenés sur Terre avec un retour d'expérience passionnant sur les tests d'accessibilités auprès de personnes handicapées. Pour mener ces tests, elle s’est intéressée aux difficultés que rencontraient les personnes selon leurs types de handicaps ainsi qu’à leurs habitudes, à savoir, comment ces personnes naviguent sur le web.
Grâce à des verbatims et des vidéos, elle a montré les difficultés rencontrées par les utilisateurices.
Malgré la conformité des sites testés, leur utilisation n’était pas optimale pour ces personnes. L'enseignement clé ? Testez avec de vraies personnes. Les normes, c'est bien. L'expérience réelle, c'est mieux !
Mettez de l’ordre dans votre code
Jérôme Guérin nous démontre l’importance de garder son code en ordre. Il a simulé une correction de bug en direct pour montrer comment un code désordonné peut transformer une petite tâche en cauchemar nocturne. Il utilise notamment la librairie dependency cruiser pour valider et visualiser les dépendances de son projet.
Concevoir accessible pour les personnes déficientes visuelles au-delà du RGAA
Anne Faubry (UI/UX designer) et Chloé Corfmat (développeuse web) ont partagé leur travail sur le Portail de l’audiodescription. Le site étant en premier lieu à destination des personnes aveugles, un soin particulier a été apporté à l’accessibilité de celui-ci. Des tests utilisateurs ont été faits sur les prototypes et des personas ont été créés en fonction du contexte. Plusieurs itérations ont eu lieu, et des tests utilisateurs étaient menés lors de chacune de celles-ci.
Suite aux tests utilisateurs sur une version alpha, il est ressorti que des éléments qui étaient attendus par les experts en accessibilité créaient parfois des gênes pour les utilisateurices non expérimentés. Il ne faut jamais perdre de vue que l’on conçoit des sites avant tout pour les utilisateurices.
Suite à ces constats, une version simplifiée a donc été mise en place ainsi qu’une infolettre.
Pour l’infolettre les solutions d’envoi ont dû être adaptées (notamment les pages s’inscrire et se désinscrire) pour qu’elles soient accessibles.
Pour la suite, l’équipe pense à mettre en place un tutoriel, une version du site brut et la possibilité de personnaliser la newsletter.
RGESN: la force du collectif pour viser la conformité
Damien Legendre nous fait un retour d’expérience d’un audit RGESN (Référentiel Général d’Eco-conception des Services Numériques).

Contrairement au RGAA (Référentiel Général d'amélioration de l'Accessibilité) , le RGESN se base sur un score d’avancement, il permet d’avancer pas à pas. Il est composé de 78 critères rassemblés en 9 thématiques. C’est l’un des leviers pour aller vers la sobriété numérique. En effet, le poids moyen d’une page web a été multiplié par 183 depuis 1995. Certains des critères vont également dans le sens de l’amélioration de l’accessibilité, par exemple, la baisse de la complexité, l’interdiction du défilement automatique…
À la découverte du monde au travers de l’Unicode
Loïc Marleix nous a embarqués dans un voyage autour du monde et dans le temps.
À son origine, l’Unicode comportait 7 000 caractères. Il en contient maintenant plus de 160 000 dont environ 4 800 emojis.
62% d’Unicode est occupé par des caractères chinois (contre 0,25% pour l’alphabet latin moderne et 3% pour les emojis). Unicode comporte des hiéroglyphes mais aussi des caractères non issus de systèmes d’écriture comme ceux qui permettent de représenter la langue des signes (écriture développée en 1974 par Valérie Sutton) https://fr.wikipedia.org/wiki/SignWriting.
Si vous souhaitez supporter et aider au développement d’Unicode, vous pouvez adopter un caractère Unicode https://aac.unicode.org/ !
Lightning talks
Pour la première fois depuis 10 ans, les lightning talks sont de retour à Paris Web. Le principe est simple, les orateurs et oratrices ont 4 minutes chrono pour exposer un sujet. Au bout de 4 minutes une alarme sonne et c’est au tour de l’orateur ou de l’oratrice suivant·e.
Au programme : Calligraphie improvisée, plaidoyer pour la fuite des GAFAM et de l'hégémonie américaine menée par l'agent orange et son terminator, et un jeu basé sur le principe du « livre dont vous êtes le héros »: AllyQuest (https://www.a11yquest.com/). On s'est aussi questionné sur l'utilité de parler de sexe dans les formulaires administratifs et fait le tour des Design Systems gouvernementaux qui sont majoritairement bleus; couleur qui évoque la confiance et le calme en sociologie (peut-être la solution pour apaiser les populations !). On a ensuite exploré la compatibilité des fonctionnalités du web grâce à la baseline et fait un constat sur l'exclusion qui est partout mais rarement volontaire, il ne faut pas concevoir pour l'utilisateur idéal qui n'existe pas, mais plutôt se demander : "Pour qui est-ce que ça ne marche pas ?". En bouquet final, on a appris comment Paris Web a survécu pendant 20 ans : grâce à ses bénévoles exceptionnels et une volonté réelle d'inclusion.
... La suite à suivre dans un prochain article !