Ces enjeux, loin d’être cantonnés aux discours, prennent ici corps dans des actions concrètes et collectives, initiées par Jean-François Garreau (Engineering Director) et Rosalie Zandona (People & Culture Manager Groupe).
Pour comprendre comment une démarche déterminée peut transformer la culture d’une entreprise tech face aux enjeux de diversité, d’égalité et de bien-être, nous les avons interviewés.
Un besoin réel, un engagement personnel
À l’origine de cette dynamique : un terrain fertile, mais encore peu structuré.
« L’inclusivité a toujours été là, dans l’esprit maison, mais sans être formalisée », se souvient Jean-François.
« On recrutait déjà des profils très variés, on respectait les différences… mais il manquait un cadre. »
Le déclencheur ? Un mélange de prise de conscience, de discussions internes et d’un besoin de passer à l’action.
Rosalie le dit sans détour :
« J’ai commencé sans grande connaissance des sujets. J’avais l’intuition qu’on pouvait faire mieux, mais il a fallu apprendre, lire, écouter. On ne devient pas experte ESG du jour au lendemain. »
De cette complémentarité est née une ambition commune : ancrer l’inclusion dans le quotidien de l’entreprise, sans posture ni effets de manche.
NDLR : ESG, ou critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, est un principe d'investissement axé sur les défis environnementaux, sociaux et la gouvernance d'entreprise. Il se distingue de la RSE (responsabilité sociale des entreprises), qui englobe tous les acteurs économiques.
Une charte pour poser les bases
La première brique posée a été la charte d’inclusion, largement inspirée des codes de conduite en conférence.
« Elle a été fondamentale », explique Rosalie. « Elle nous a permis de dire clairement ce qu’on accepte, ce qu’on refuse, et pourquoi. Ce n’est pas juste un texte : c’est un garde-fou, un outil. »
Rapidement, une mind map RSE à 5 ans est co-construite, pour organiser les priorités : communication inclusive, plateforme d’aide à la santé mentale, accompagnement des transitions de genre, gestion des comportements déplacés avec tolérance zéro.
« On a opté pour une approche très pragmatique », précise Jean-François. « Pas de grand discours, mais des actes, même petits. Ce sont les actions de fourmis qui changent les choses. »
Des initiatives concrètes, pensées pour durer
Certaines mesures peuvent sembler anecdotiques vues de loin. Elles ne le sont pas.
Le déploiement du violentomètre, la mise à disposition de serviettes hygiéniques, la création d’une toute nouvelle salle d’allaitement dans les locaux parisiens…
« Ce sont des signaux, des repères, des choses visibles qui disent : ici, on prend soin de nos employés, de manière concrète ! », résume Rosalie.
Côté santé mentale, des contenus et une plateforme de soutien ont été mis à disposition.
« Mais surtout, on mise sur le management de proximité, l’écoute active, l’adaptation au cas par cas. »

Autre pilier : l’égalité femmes-hommes, portée notamment par le programme Women Empowerment.
« On a vu des femmes prendre la parole en talk, assumer des rôles de lead, s’inscrire à des conférences tech… Ce sont des petites victoires, mais elles comptent », raconte Jean-François.
« Notre ambition, c’est que ça devienne la norme. Que ce ne soit plus un exploit. »
Une posture humble, une vigilance permanente
Pas question, toutefois, de faire de la RSE un outil de com’, même s’il est indispensable aujourd’hui d’en parler.
« On ne veut pas se raconter. On veut faire. Et si ça inspire, tant mieux. Mais ce n’est pas le but », insiste Jean-François.
Cette posture d’humilité permet aussi d’éviter le piège du social washing, fréquent dans le secteur.
« La tentation de se mettre en scène est forte. Mais notre boussole, c’est l’impact concret. Pas l’image », ajoute Rosalie.
La crédibilité se joue sur la durée, non sur un post LinkedIn bien tourné.
Tous deux reconnaissent que l’énergie n’est pas toujours linéaire :
« Il y a des moments de doute, de fatigue, des hauts et des bas. Et parfois le sentiment de ne pas en faire assez. Mais on avance, et surtout, on n’est pas seuls. »
Un avenir à co-construire
Et la suite ?
« On rêve d’un programme d’empowerment ouvert à toutes et tous », explique Rosalie.
« Parce que les fragilités ne sont pas genrées. Le handicap, la parentalité, les aidants : ce sont des réalités humaines, pas des cases RSE. »
Jean-François complète :
« L’inclusivité, ce n’est pas un combat pour une minorité. C’est une manière d’habiter collectivement l’entreprise.
On aimerait que les nouvelles générations de Sfeirians prennent le relais – et fassent mieux que nous. »
Leur conseil à une entreprise tech qui débute ?
« Commencez par une charte claire. Et par l’écoute.
Pas besoin d’être parfait, juste de vouloir progresser. »
Et s’il fallait résumer ces trois années en un mot ?
Rosalie : « Le collectif. »
Jean-François : « Démarche. Parce qu’on apprend en marchant. »
En guise de conclusion : pas de recette miracle, mais une direction claire
Chez SFEIR, l’inclusivité n’est ni un buzzword, ni une injonction plaquée d’en haut.
C’est un fil rouge, tissé de gestes concrets, souvent modestes, toujours sincères.
Une stratégie à hauteur d’humain, portée par une équipe convaincue que chaque détail compte.
SFEIR démontre ainsi que la lutte pour l’égalité et l’accueil de toutes les diversités n’est pas un luxe réservé aux grandes structures dotées de gros budgets.
C’est un engagement pragmatique, progressif, et profondément porteur de sens, pour les individus comme pour le collectif.
« Il n’y a pas de petit succès en matière d’inclusion. Ce qui compte, c’est d’agir.
Même un peu. Même imparfaitement. »
— Rosalie Zandona



