En 2025, Mark Elliot Zuckerberg n’est plus seulement l’icône en hoodie aux propos masculiniste déplacé. Troisième fortune mondiale, il oscille autour de 240–252 milliards de dollars selon Forbes, portée par Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp, Messenger) et ses paris massifs sur l’IA et les lunettes connectées.
Côté chiffres, la “famille d’apps” de Meta touche 3,48 milliards de personnes chaque jour (juin 2025), et Facebook demeure un colosse à plus de 3,07 milliards d’utilisateurs mensuels. Threads, lancé en 2023 pour concurrencer X, a franchi la barre des 400 millions d’utilisateurs mensuels à l’été 2025.
Une enfance programmée pour le succès
Né le 14 mai 1984 à White Plains (NY), fils d’un dentiste et d’une psychiatre, Zuckerberg grandit dans un environnement où l’informatique est omniprésente. À 12 ans, il crée ZuckNet, un système de messagerie pour le cabinet familial ; au lycée, Synapse, un lecteur musical “intelligent”, attire déjà Microsoft et AOL. En 2002, il rejoint Harvard ; s’ensuivent CourseMatch, Facemash… puis TheFacebook, lancé le 4 février 2004 avec Dustin Moskovitz, Eduardo Saverin, Chris Hughes — l’étincelle qui deviendra l’une des plus vastes places publiques numériques.
La naissance de la révolution Facebook
Vingt ans plus tard, l’écosystème Meta structure encore notre sociabilité en ligne :
- Facebook demeure massif (3,07 Md MAU)
- Instagram revendique 3 Md MAU
- WhatsApp flirte lui aussi avec ce seuil
- Threads s’installe dans le paysage (> 400 M MAU).
Côté trafic pur, facebook.com se maintient au 3ᵉ rang mondial derrière Google et YouTube. À noter : Instagram fait son entrée dans le Top 10 Interbrand 2025 avec une valeur de marque de 57,3 Md $ (+27 %).
NDLR : MAU = Monthly Active Users (utilisateurs actifs mensuels) : nombre d’utilisateurs uniques s’étant connectés ou ayant interagi avec le service au moins une fois au cours des 30 derniers jours.
Une carrière marquée par le succès et les scandales
Zuckerberg a été critiqué pour sa gestion de la censure et de la liberté d'expression, plaçant Facebook au cœur des débats mondiaux sur la régulation des géants du numérique. L'affaire “Cambridge Analytica”, révélée en 2018 par le lanceur d'alerte Christopher Wylie, est particulièrement marquante. Depuis 2014, Cambridge Analytica avait exploité les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs Facebook, collectées illégalement. Ces données ont été utilisées pour cibler les électeurs avec des messages personnalisés lors de l'élection présidentielle américaine de 2016 et le référendum sur le Brexit au Royaume-Uni. Suite à ces révélations, Facebook a été vivement critiqué pour son manque de protection des données personnelles et a dû payer une amende record de 5 milliards de dollars imposée par les autorités américaines.

Entre philanthropie et mégalomanie
Manipulateur narcissique ou génie utopiste, Zuckerberg semble naviguer entre deux eaux. Au-delà de son rôle de technologue, il s'est engagé dans des initiatives philanthropiques avec son épouse Priscilla Chan. Le couple s'est engagé à céder 99 % de leurs actions Facebook à la Chan Zuckerberg Initiative, consacrée à la résolution de problèmes éducatifs et médicaux. À l’instar du couple Gates, ils investissent également des milliards dans des projets visant à éradiquer toutes les maladies d'ici la fin du siècle. Mais cette auréole cache également une part bien sombre de ce fan de MMA, père de trois petites filles, Maxima, August et Aurelia.

Dans le livre incisif "Dans la tête de Mark Zuckerberg" publié chez Solin/Actes Sud, Julien Le Bot dresse un portrait contrasté du fondateur de Facebook, oscillant entre un idéalisme juvénile et une stratégie d’entreprise calculatrice. Chamath Palihapitiya, ancien responsable de la croissance chez Facebook, critique violemment la plateforme pour sa capacité addictive, exploitant la dopamine pour capturer l'attention de ses utilisateurs — une démarche qui, selon lui, « détruit le fonctionnement de la société » en substituant des gratifications instantanées à nos véritables valeurs.
Le nouveau récit : l’IA partout, les lunettes sur le nez
Après la montée en puissance de Llama, Meta a lancé au printemps 2025 son application autonome “Meta AI” (en plus de l’intégration dans WhatsApp/Instagram/Facebook). Au Meta Connect 2025, la firme a remis en avant les AI glasses (Ray-Ban Meta) comme interface post-smartphone : perception, assistant contextuel, capture et affichage minimaliste, avec écosystème développeurs élargi.
Influence politique : marteau ou scalpel ?
Depuis 2016, beaucoup résument l’impact de Facebook par “faire ou défaire des présidents”. Les études 2023–2025 menées avec des données Meta sur l’élection US 2020 offrent un tableau plus précis : algorithmes très influents sur l’exposition, segmentation idéologique nette et asymétries (exposition/partage de contenus de faible qualité plus marqués côté conservateur), mais effets de court terme limités sur les attitudes lorsque l’on modifie le fil. Autrement dit : influence, oui ; toute-puissance électorale, non démontrée.
Régulation : l’offensive européenne s’installe
Printemps 2025 : première salve DMA. La Commission européenne constate une violation des obligations par Meta (manque d’un vrai choix “moins de données”) et inflige une amende de 200 M€, assortie d’avertissements d’astreintes quotidiennes en cas de non-mise en conformité. Le message est clair : le cadre ex-ante des “gatekeepers” mord désormais.
Le métavers, puis au-delà
Le pari “métavers” version 2021 s’est mué en trajectoire AR/vision/IA plus pragmatique : assistants personnels, lunettes, et un socle Llama disséminé dans les apps. La stratégie 2025 est moins grandiloquente, plus utilitaire : accrocher l’IA au quotidien, et à notre visage.
Verdict 2025
Zuckerberg demeure un stratège produit-IA : à la fois bâtisseur d’infrastructures sociales et expérimentateur d’interfaces. Son pouvoir s’exerce par l’architecture de l’attention, la conception des algorithmes et l’intégration matérielle (lunettes). Face à lui, l’Europe installe un garde-fou plus mordant. La question reste ouverte, et féconde éditorialement : visionnaire indispensable ou maître des controverses ?
Chiffres clés (octobre 2025)
- Âge : 41 ans (né le 14 mai 1984)
- Fortune : ≈ $245–250 Md (Forbes, temps réel, 2025)
- Facebook (MAU) : ≈ 3,07 milliards d’utilisateurs mensuels (mi-2025)
- Family DAP Meta (Facebook + Instagram + WhatsApp + Messenger) : 3,48 milliards d’utilisateurs quotidiens (juin 2025)
- Threads (MAU) : > 400 millions (été 2025)
- L’IA chez Meta : annonce de Llama 4 et app “Meta AI” en avril 2025 (intégrée à WhatsApp/Instagram/Facebook + app autonome)
- Lunettes connectées : cap réaffirmé à Meta Connect 2025 (AI glasses / Ray-Ban Meta)
- Cambridge Analytica : $5 Md d’amende FTC (2019) + obligations de conformité renforcées
- Régulation UE (DMA) : amende 200 M€ et menaces d’astreintes (printemps 2025)
- Facebook, trafic web : 3ᵉ site mondial (derrière Google et YouTube)