Qu’est-ce que le Craft ?
Le Craft, ou Software Craftsmanship, s’inspire du manifeste du même nom rédigé en 2009 en prolongement des valeurs agiles. Il met en avant la fierté du travail bien fait, la responsabilité individuelle et collective, et la volonté de progresser continuellement dans la maîtrise de son art.
“Pour moi, le Craft, c’est être fier de ce qu’on fait. Construire un produit propre, maintenable, agréable à faire évoluer. Ce n’est pas juste écrire du code.” – Thomas
Le Craft est une approche transversale, qui s’applique autant :
- à la qualité du code qu’à sa testabilité,
- à l’organisation des équipes qu’aux outils utilisés,
- à la communication avec le métier qu’aux pratiques de développement.
👉 Ce n’est donc ni une méthode, ni une checklist. C’est un état d’esprit.
Le Craft au quotidien : quelles pratiques concrètes ?
Plutôt que de grandes théories, les invités de l’épisode partagent des exemples concrets, applicables dans la plupart des équipes.
1. Canal d’amélioration continue
Un canal Slack dédié aux idées (appelé “Heidi” dans l’équipe) permet de noter toute suggestion ou amélioration sans interrompre les développements.
Chaque semaine, l’équipe passe en revue ces idées pour décider ce qu'il faut en faire.
“On évite ainsi de perdre des idées pertinentes et on crée un vrai rituel d’amélioration continue.”
2. Revue de code collaborative
Même sans faire systématiquement du pair programming, les revues de code (via GitHub ou GitLab) sont l’occasion :
- de détecter les erreurs,
- d’échanger sur les choix techniques,
- de diffuser la connaissance entre pairs.
Certains outils comme GitHub Copilot aident à automatiser une partie de la relecture, mais le cœur reste l’humain et la discussion.
3. Outillage intégré
Le plugin SonarLint dans les IDE permet de détecter très tôt les problèmes de qualité ou de sécurité dans le code.
Certaines équipes utilisent aussi des bots (comme Dependabot) pour les mises à jour de dépendances.
“Chaque lundi, on a un rituel où on passe sur tous les repos pour gérer les mises à jour. C’est fastidieux, mais essentiel.”
4. Tests et dette technique
Les tests automatisés sont perçus comme une assurance qualité, mais surtout comme un levier de confort :
on développe plus sereinement quand on sait que ce qui fonctionne reste fonctionnel dans le temps.
Quand la dette est inévitable, elle est identifiée, ticketée, priorisée, et intégrée aux sprints.
“Notre backlog technique est géré comme n’importe quelle feature : on priorise, on arbitre avec les besoins métiers.”
Le Craft est-il réservé aux développeur.euses ?
Non. L’un des points clés de l’épisode est justement de démontrer que le Craft n’est pas qu’un sujet “dev”. Il concerne toute l’équipe produit.
En effet :
- un produit bien conçu commence par un besoin bien exprimé,
- un bon design d’API ou de fonctionnalité dépend des échanges entre métiers et techs,
- la qualité d’un livrable est indissociable de la clarté des attentes business.
“On pense parfois que le Craft, c’est juste du code propre. Mais ça commence dès les premiers ateliers de conception.”
Pratiques évoquées :
- Ateliers 3 amigos pour aligner PO, Dev et QA ;
- Participation des développeurs aux échanges métiers ;
- Mise en place de team practices pour harmoniser les pratiques de développement.
Craft et deadlines : pragmatisme avant perfection
Une question revient souvent : comment concilier Craft et vélocité ?
Le dilemme est réel :
- Le métier veut des livraisons rapides,
- Les devs veulent livrer quelque chose de propre,
- Le temps manque souvent pour tout faire.
La réponse des intervenants est unanime : pragmatisme et confiance.
“Si on fait un quick fix, c’est ok à condition d’assumer la dette, de la documenter, et de planifier son rattrapage.”
Il ne s’agit pas de faire de l’ingénierie parfaite à chaque sprint, mais :
- de ne pas tricher avec soi-même,
- de poser des bases solides (Clean Code, structure de tests, revues),
- et de trouver des compromis explicites avec le métier.
Apporter le Craft dans une nouvelle équipe
Vous rejoignez une équipe sans culture Craft ? Pas besoin de révolution immédiate. Voici les leviers proposés dans l’épisode :
Commencer petit :
- valoriser ce qui existe déjà,
- formaliser les bonnes pratiques implicites,
- introduire des rituels simples (revue de code, idées d’amélioration).
Miser sur l’échange :
- organiser des moments de discussion hors contexte projet (ex : cafés d’équipe),
- partager la connaissance (ateliers internes, mob programming, veille),
- créer un cadre de confiance où chacun peut proposer, tester, apprendre.
En conclusion : cultiver le Craft, c’est investir dans la durabilité
Le Craft n’est ni une mode, ni une méthode miracle. C’est une démarche exigeante mais pragmatique, qui place l’humain, la qualité et la collaboration au cœur du développement logiciel.
Qu’on soit développeur junior, architecte confirmé, PO ou membre du métier, on a tous un rôle à jouer dans la construction de produits maintenables, utiles, et évolutifs.
Appliquer le Craft, ce n’est pas viser la perfection. C’est oser expérimenter, apprendre, échanger, et améliorer un peu plus chaque jour la façon dont on conçoit du logiciel.
Comme l’ont souligné Thomas, Yann et Axel dans cet épisode de SFEIR Décode, le Craft est avant tout une histoire de fierté collective : celle de livrer un produit qui tient dans le temps, qui respecte ses utilisateurs, et dont l’équipe est fière.
Retrouver l'épisode ici : https://creators.spotify.com/pod/profile/sfeir-decode/episodes/SFEIR-Dcode-ep04---Quest-ce-que-lapproche-Craft-e33nqlj

