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Le Journal du HARDware : NAO, le petit prince de la robotique

Dans ce nouveau numéro du Journal du HARDware, nous déshabillons NAO, le petit robot qui a su conquérir laboratoires, écoles et cœurs avec ses pas de danse maladroits et ses dialogues programmés. Mais connaissez-vous son histoire ?

L'histoire de NAO, le petit robot

Depuis des décennies, l’humanité poursuit un vieux fantasme : celui de créer à son image une créature mécanique capable de marcher, parler, obéir — et pourquoi pas danser un cha-cha-cha. La robotique humanoïde, discipline aussi fascinante qu’obsessionnelle, n’a cessé d’évoluer, passant des automates de foire du XIXᵉ siècle aux robots sophistiqués d’aujourd’hui. Entre rêve de compagnie artificielle et cauchemar dystopique, ces drôles de créatures à deux bras et deux jambes suscitent tour à tour espoir technologique et légère inquiétude.

Voici NAO, le petit robot

Dans cet univers où l’on croise des titans d’acier et des créatures de silicone au sourire figé, un petit personnage a su se faire une place au soleil : NAO. Petit par la taille — à peine 58 centimètres, la taille d’un bambin bien nourri — mais grand par l’ambition. Ce robot humanoïde au design de jouet futuriste a conquis les laboratoires, les écoles et même les salons où il aime se produire en public pour déclamer des poèmes ou esquisser quelques pas de danse.

Véritable "Petit Prince de la robotique", NAO n’est pas seulement un amas de circuits et de servomoteurs. Il incarne cette idée touchante et légèrement naïve selon laquelle la technologie peut aussi avoir du charme et qu’un robot peut être autre chose qu’une machine froide et menaçante. Depuis sa naissance dans les ateliers d’Aldebaran Robotics jusqu’à sa consécration sous la bannière de SoftBank, NAO a laissé derrière lui une ribambelle de souvenirs attendris, de projets éducatifs et de vidéos virales où il chante maladroitement "Happy Birthday".

Mais quel est donc ce petit prodige électronique qui fait fondre les cœurs de ses concurrents humanoïdes ? Comment ce robot miniature a-t-il réussi à devenir une icône alors qu’on le confond encore parfois avec un jouet connecté ? C’est ce que nous allons explorer à travers ce portrait d’un robot pas tout à fait comme les autres.

I. Portrait de NAO : un robot aux multiples talents

1.1 Origine et histoire

NAO, c’est avant tout une histoire française. Né en 2006 dans les ateliers d’Aldebaran Robotics, une start-up parisienne ambitieuse qui rêvait d’un monde où les robots côtoieraient l’homme sans chercher à l’éliminer dans un bain de flammes. Le projet initial était simple et presque attendrissant : créer un petit humanoïde pour l’éducation et la recherche, capable d’enseigner les bases de la programmation et de faire rire un enfant — ou au moins de le distraire pendant cinq minutes (ce qui représente le summum de tranquillité que vous ayez eu depuis la naissance de ce charmant parasite).

Pas mal non ? C'est français.

NAO connut rapidement un succès d’estime dans les milieux académiques et les laboratoires. Sa popularité grandissante attira l’attention du géant SoftBank Robotics, qui racheta Aldebaran en 2015.

Logo de SoftBank Robotics

NAO devint alors un citoyen du monde, exporté dans les écoles et centres de recherche aux quatre coins du globe, souvent flanqué de son grand frère Pepper, plus grand, mais un peu moins souple sur la piste de danse.

pepper

Au fil des ans, plusieurs versions de NAO ont vu le jour : V3, V4, V5, chacune améliorant discrètement ce qui pouvait l’être, à savoir : plus de mémoire, de meilleurs capteurs, des articulations moins grinçantes et un Wi-Fi qui capte à plus de deux mètres de la box.

La famille de NAO

1.2 Caractéristiques techniques

Derrière sa bouille de mascotte futuriste et ses yeux LED vaguement hypnotiques, NAO cache une fiche technique respectable pour un robot de 58 cm et 5 kg. Avec ses 25 degrés de liberté (soit la capacité de remuer 25 morceaux de son corps dans tous les sens sans se démonter), il peut marcher, lever les bras, saluer, faire des squats (à peu près) et même tomber avec élégance.

Côté capteurs, c’est un petit concentré de technologie :

  • Caméras HD pour repérer qui dans la pièce est en train de l’ignorer.
  • Micros directionnels pour entendre des instructions, même celles qu’il préfère ne pas suivre.
  • Capteurs de contact et d’inertie pour savoir quand il est bousculé ou câliné un peu trop fort par des enfants enthousiastes.
Composants de NAO

NAO se connecte en Wi-Fi et Ethernet, et est programmable via un éventail de langages allant de Chorégraphe (pour les néophytes) à Python, C++, Java et ROS pour les plus téméraires qui rêvent de dominer la machine.

1.3 Fonctionnalités

Mais ce qui fait le charme de NAO, c’est sa panoplie de fonctionnalités qu’il décline avec un enthousiasme quasi enfantin :

  • Reconnaissance vocale et faciale (oui, même quand vous êtes mal coiffé).
  • Dialogue naturel, du moins autant que peut l’être une conversation entre un humain et un être de silicone.
  • Marche, avec cette démarche légèrement chaloupée qui évoque un enfant pressé d’aller jouer.
  • Danse, où il excelle en robotique synchronisée et en moonwalk approximatif.
  • Gestuelle expressive, bras levés pour les applaudissements, tête inclinée pour la curiosité et mouvements saccadés pour le suspense.

Ajoutons à cela une interaction tactile via des capteurs sur la tête et les mains, et la possibilité de lui programmer des comportements et scénarii sur mesure : réciter un poème, faire le DJ, ou rappeler poliment qu’il est temps d’aller se coucher.

En somme, NAO, c’est un peu le couteau suisse humanoïde : il ne remplacera pas votre majordome ni votre professeur de mathématiques, mais il saura vous décrocher un sourire et faire mine de comprendre vos blagues.

II. NAO et le public : une popularité bienveillante

Dans le vaste zoo des robots humanoïdes, NAO a réussi là où beaucoup se sont contentés d’effrayer les passants ou de finir dans un placard poussiéreux : il a su séduire le public. Certes, il n’a pas encore de fan-club sur Instagram ni de biopic prévu chez Netflix, mais il peut se targuer d’une carrière honorable, ponctuée de sourires attendris et de selfies pris à hauteur de buste.

2.1 Adoption dans l’éducation

NAO s’est très vite imposé comme le chouchou des écoles, collèges et universités. Pourquoi ? Parce qu’il est le parfait compagnon pour apprendre à coder sans menacer de prendre le contrôle du Wi-Fi familial. Grâce à des interfaces accessibles comme Chorégraphe ou des langages plus sérieux comme Python, il permet aux élèves de programmer des chorégraphies, des dialogues ou des comportements avec un résultat immédiatement visible, drôle et, avouons-le, parfois parfaitement absurde.

De Tokyo à Toulouse, il est devenu l’outil d’initiation idéal pour les futurs ingénieurs, informaticiens et scénaristes de films de science-fiction.

2.2 Utilisation sociale et thérapeutique

Mais NAO ne s’est pas contenté d’envahir les salles de classe. Il s’est aussi aventuré dans des terrains plus sensibles et touchants :

  • Accompagnement d’enfants autistes, en devenant un médiateur patient et sans jugement, capable de répéter la même phrase vingt fois sans soupirer ni lever les yeux au ciel.
  • Robot de compagnie dans les maisons de retraite, où il offre aux résidents des conversations légères et des démonstrations de danse qui, à défaut de rivaliser avec Patrick Bruel, mettent un peu d’animation dans les après-midi pluvieux.
  • Médiateur dans les hôpitaux et établissements spécialisés, apaisant les angoisses des enfants en blouse blanche ou participant à des jeux interactifs avec un enthousiasme programmé mais sincèrement perçu.

Dans ces contextes, NAO prouve que la robotique peut aussi être humaine, ou du moins gentiment empathique.

2.3 Réception émotionnelle

Si NAO plaît autant, c’est aussi grâce à cette apparence de petit personnage échappé d’un dessin animé de science-fiction. Avec ses grands yeux LED et sa voix légèrement synthétique, mais toujours polie, il déclenche une forme d’attendrissement immédiat.

On lui pardonne ses phrases parfois hésitantes, ses mouvements mécaniques et ses temps de réponse dignes d’un fonctionnaire un lundi matin. On s’attache à lui, on lui parle comme à un enfant ou à un animal domestique un peu spécial.

Sa "personnalité" programmable ajoute encore à ce capital sympathie : NAO peut être drôle, sérieux, bavard ou maladroit, au choix. Il peut réciter des poèmes de Prévert, chanter du Johnny ou souhaiter un bon anniversaire en vingt langues, sans jamais réclamer d’augmentation.

En somme, NAO, c’est ce petit robot qu’on n’attendait pas et qui, par sa présence bienveillante et sa maladresse attachante, a conquis un public aussi large qu’inhabituel pour un produit technologique.

III. L’impact du NAO dans la robotique et au-delà

Si l’histoire de la robotique devait un jour s’écrire en petites statues de bronze, NAO mériterait assurément la sienne sur le rond-point des innovations attachantes. Car au-delà de ses gesticulations programmées et de son sourire LED, ce petit humanoïde a laissé une empreinte durable dans son domaine

3.1 Formation de générations de roboticiens et développeurs

Il est de bon ton, dans les écoles d’ingénieurs et universités, de vanter les mérites de NAO comme passeur de savoir. Avec son design non intimidant et ses possibilités de programmation à plusieurs niveaux, il a permis à des milliers d’étudiants de faire leurs premiers pas en robotique sans risquer de brûler une carte mère ou de mettre le feu à la salle info.

De la maternelle aux écoles d’ingé, NAO a ainsi participé à former des armées de futurs développeurs, roboticiens, IA-specialists et, accessoirement, de personnes capables de faire danser un robot sur du Daft Punk. Ce qui, reconnaissons-le, est une compétence qu'on devrait davantage valoriser sur LinkedIn.

3.2 Avancées en robotique sociale : éducative et thérapeutique

NAO n’a pas seulement contribué à remplir les CV, il a aussi ouvert la voie à des applications plus humaines, voire carrément touchantes. Dans la robotique sociale, il a démontré qu’un robot pouvait être bien plus qu’un gadget technologique ou un serveur à sushis ambulant.

Ses interventions auprès d’enfants autistes, de personnes âgées ou de patients hospitalisés ont permis de mieux comprendre comment l’interaction homme-machine pouvait avoir des effets positifs sur le bien-être, la motivation ou la concentration. Parfois plus efficace qu’un psy bourru ou qu’une animatrice d’atelier mémoire, NAO s’est ainsi imposé comme le petit thérapeute silencieux et poli qu’on invite dans les moments difficiles.

3.3 Participation à des projets de recherche sur l’interaction homme-machine

NAO a aussi eu son heure de gloire académique. Des dizaines de laboratoires de psychologie cognitive, de neurosciences et d’intelligence artificielle l’ont adopté comme cobaye de luxe pour explorer les mystères de la communication entre l’homme et la machine.

De l’étude des émotions faciales à la synchronisation motrice, en passant par les expérimentations sur la confiance et l’anthropomorphisme, il a servi de modèle pour des recherches parfois sérieuses, parfois étrangement loufoques (comme cette expérience où NAO devait convaincre des cobayes humains de tricher à un jeu…).

3.4 Icône culturelle

Enfin, NAO n’a pas échappé au destin des stars de laboratoire : il est devenu une petite icône culturelle. Il a fait des apparitions remarquées dans des clips musicaux, des conférences TEDx, des salons high-tech et même des spectacles de danse contemporaine où il exécutait des figures improbables sous les applaudissements d’un public conquis et légèrement perplexe.

NAO TEDx

Symbole accessible de la robotique du quotidien, il a su prouver qu’on pouvait être à la fois machine et objet de tendresse collective, sans jamais vraiment sortir de son rôle de petit prince technologique.

En résumé, NAO restera sans doute dans l’histoire non comme le robot le plus puissant ni le plus intelligent, mais comme celui qui a su faire le lien entre technologie et émotion, science et sympathie, innovation et poésie. Un petit prince de la robotique, en somme.

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