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La science le prouve : l’IA ramollit nos cerveaux. Voici les clés pour en faire un allié !

Alors que l’intelligence artificielle s’immisce dans nos moindres gestes, une étude du MIT alerte : l’usage inconsidéré de ces outils pourrait bien affaiblir nos capacités cognitives. À moins d’en faire un allié raisonné et éclairé.

Comment préserver son intelligence à l’heure de l’IA ?

L’intelligence artificielle promet de nous assister au quotidien, de nous rendre plus productifs et de simplifier des tâches fastidieuses. Mais à quel prix ? Une récente étude menée par le MIT, et brillamment exposée par Terence Mahier (VirtualBrain), met en lumière un revers de la médaille inquiétant : l’usage irréfléchi de l’IA pourrait bien amoindrir notre propre intelligence.

Une dette cognitive insidieuse

Les chercheurs du MIT, du Wellesley College et de Harvard ont conduit leur étude sur 54 participants, observant leur activité cérébrale par électroencéphalographie (EEG) alors qu’ils rédigeaient un essai avec ou sans assistance numérique : moteur de recherche, aucun outil, ou ChatGPT. Le constat est clair : plus l’IA est sollicitée, moins notre cerveau s’active. L’activité des zones dédiées à l’attention, à la mémoire, à la réflexion critique et à la synthèse visuelle diminue nettement. Les participants ayant rédigé leur texte à l’aide d’un grand modèle de langage présentaient des réseaux neuronaux nettement moins engagés que ceux qui avaient écrit seuls, sans assistance. Pire : 83 % des utilisateurs d’IA étaient incapables de citer ne serait-ce qu’une phrase de leur texte juste après l’avoir généré, contre seulement 11 % pour les auteurs ayant tout rédigé eux-mêmes.

Ce phénomène porte un nom : la « dette cognitive ». Comme l’explique Mahier, c’est le syndrome bien connu de l’effet GPS transposé à la pensée : à force de déléguer, on désapprend. Tout comme les chauffeurs londoniens, célèbres pour leur hippocampe surdéveloppé à force de mémoriser les rues de la capitale, voient leur cerveau différemment sollicité que celui des adeptes du GPS, l’utilisateur qui s’en remet aveuglément à l’IA risque de perdre en capacité d’analyse et de mémorisation.

L’ombre de l’amnésie digitale

Si l’« amnésie digitale » – le fait de se souvenir davantage d’où trouver l’information que de l’information elle-même – était déjà bien documentée, la dette cognitive va plus loin. Elle touche le cœur même de notre capacité à réfléchir, à structurer une pensée, à argumenter. L’étude montre combien un texte produit par l’IA sans implication préalable de l’auteur conduit à un sentiment d’appropriation amoindri, et à une mémorisation lacunaire.

Bon à savoir :

– Un usage excessif des écrans grignote peu à peu nos capacités mnésiques.
– Les cerveaux façonnés à l’ère des smartphones tendent à devenir paresseux, moins enclins à l’effort de mémorisation.
– Sans sollicitation régulière, la mémoire des aînés s’altère également.
– Rien ne remplace les appuis mémoriels tangibles, ces « coups de pouce » bien réels qui entretiennent notre faculté à se souvenir.

Une femme tente en vain de se reconnecter à son ordinateur après avoir oublié son mot de passe.

Quand l’IA devient un allié du cerveau

Faut-il alors renoncer à l’IA ? Certainement pas. Car tout dépend de l’usage qu’on en fait. Les mêmes chercheurs ont relevé que les participants qui prenaient soin d’organiser leurs idées avant d’avoir recours à l’IA pour reformuler ou enrichir leur texte bénéficiaient au contraire d’une stimulation cérébrale accrue. Leurs réseaux neuronaux se montraient plus actifs, leur mémoire plus solide. Loin d’appauvrir la réflexion, l’IA utilisée intelligemment devenait alors un partenaire, un miroir critique capable d’affiner le propos.

Un parallèle éclairant : la protéine en poudre

Mahier résume cette dynamique d’un trait d’esprit frappant : « L’IA, c’est comme la protéine en poudre : si vous ne faites pas l’effort de muscler votre cerveau, elle ne fera pas le travail à votre place. » Autrement dit, la technologie peut être un levier formidable, à condition qu’elle vienne prolonger et non remplacer l’effort intellectuel.

Comment bien utiliser un LLM ? Les conseils des chercheurs

Structurez d’abord vos idées
Avant de solliciter un LLM comme ChatGPT, prenez le temps de clarifier votre pensée. Notez les grandes lignes de votre argumentation, vos exemples et votre plan. L’IA doit venir après votre propre réflexion, non la précéder.

Utilisez l’IA comme un partenaire, pas comme un pilote
Servez-vous de l’IA pour reformuler, enrichir, ou vérifier vos textes, mais gardez la main sur le contenu. Laissez l’outil vous aider à affiner votre style, pas à penser à votre place.

Posez des questions précises
Interrogez le LLM sur des points ciblés : demandez des synonymes, une vérification grammaticale, ou une reformulation plus fluide. Évitez les requêtes trop générales (« Écris-moi un texte sur… ») qui vous placent en position de spectateur.

Relisez et appropriez-vous le résultat
Une fois votre texte finalisé, relisez-le sans l’IA, corrigez-le, adaptez-le à votre voix. Cette étape d’appropriation favorise la mémorisation et renforce votre engagement cognitif.

Méfiez-vous de la tentation du « prêt-à-penser »
L’IA produit des textes séduisants par leur fluidité, mais il vous revient d’exercer votre esprit critique : vérifiez les faits, interrogez les arguments, nuancez les idées.

Alors, quelle est la clé ? Penser d’abord, déléguer ensuite. Ce n’est qu’à ce prix que nous préserverons notre capacité à apprendre, à raisonner, à créer ... bref, à rester pleinement humains !

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