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Plus de 100 jours après Spring I/O : le regard d’un junior entre hype et vraies pépites sur l’écosystème Spring et Java

Retour d’expérience sur la conférence Spring I/O 2025 à Barcelone : entre innovations, IA et retours terrain.

Spring I/O 2025 à Barcelone : retour sur la plus grosse scène européenne dédiée à l’écosystème Spring et Java - ©https://2025.springio.net/

Introduction : c’est quoi Spring I/O ?

Spring I/O, c’est un peu le rendez-vous annuel Spring. Organisée à Barcelone depuis plus de 10 ans, la conférence est devenue la plus grosse scène européenne dédiée à l’écosystème Spring et Java. Là où d’autres conférences tech brassent large (front, mobile, data, devops…), Spring I/O joue la carte du focus.

Chaque année, entre 1 200 et 1 500 participants font le déplacement, venant de toute l’Europe (Espagne, France, Allemagne, Pays-Bas…), mais aussi d’Inde, des États-Unis ou même d’Amérique Latine. Ça donne un public très varié :

  • des développeurs juniors (comme moi) qui viennent pour apprendre et s’inspirer,
  • des architectes qui veulent anticiper les migrations et comprendre la roadmap,
  • des leaders techniques qui cherchent à confronter leurs choix avec ceux de la communauté.

Le format est bien rodé :

  • 2 jours de talks (parallèles, répartis sur plusieurs scènes),
  • des keynotes d’ouverture et de clôture portées par les core committers de Spring,
  • une ambiance “communauté” avec des stands partenaires, des sessions de networking, et une atmosphère décontractée (on est à Barcelone, après tout 🌞).

Spring I/O, ce n’est pas seulement des annonces techniques : c’est aussi un lieu où se construit la culture Spring. On y retrouve la philosophie du framework : pragmatique, robuste, mais toujours en mouvement.

Les grandes annonces Spring I/O 2025

Spring I/O, c’est aussi le moment où les core committers et les experts Spring dévoilent leur vision pour les mois à venir. Cette année, trois gros sujets ont marqué les annonces.

1. Spring Boot 3.5 : la continuité vers le cloud-native

La nouvelle version de Spring Boot 3.5 a été l’une des stars de la conférence. Au menu :

  • Améliorations de performance avec un temps de démarrage réduit et une meilleure consommation mémoire, notamment grâce à des optimisations côté GraalVM.
  • Support cloud renforcé, avec une intégration plus fluide pour Kubernetes, Docker et les plateformes managées.
  • Observabilité accrue : de nouveaux hooks pour exporter facilement des métriques vers Prometheus ou OpenTelemetry.

Pour les devs en entreprise, ça veut dire : un passage plus fluide au monde cloud-native, sans avoir à réécrire la moitié de son SI.

2. Spring AI : officialisation de l’intégration IA

C’était attendu : Spring a présenté Spring AI, un module censé simplifier l’intégration de modèles d’intelligence artificielle (LLM, embeddings, services externes) dans une application Spring. L’idée est séduisante :

ChatClient fluide (sync/streaming) — API façon RestClient/WebClient :

  • une API unifiée pour interroger différents fournisseurs de modèles (ex. OpenAI) :
spring.ai.openai.api-key=${OPENAI_API_KEY}
  • des abstractions pour gérer prompts, conversations et réponses.

En clair, Spring veut faire avec l’IA ce qu’il a fait avec la data et la sécurité : fournir un cadre stable et cohérent, quel que soit le backend.

Sur le papier, ça fait rêver. Dans les faits (on en reparlera), les talks n’étaient pas au niveau des attentes.

3. Observabilité et sécurité : consolider la stack

Autre axe fort de cette édition : l’observabilité et la sécurité.

  • Avec Micrometer 2.0, la collecte et la visualisation des métriques sont encore plus intégrées, ce qui permet de monitorer une app Spring presque “out of the box”.
  • Côté Spring Security, de nouveaux modules facilitent l’authentification fédérée (OAuth2, OpenID Connect) et renforcent la gestion des autorisations fines.

C’est moins sexy qu’un module “IA”, mais c’était la promesse d’applications plus robustes et mieux surveillées.

Ce que j’ai moins aimé

L’IA : beaucoup de hype, peu de concret

Je vais être direct : grosse déception.Les sessions sur l’IA ressemblaient plus à des “démo-tour” qu’à des vrais talks techniques. Beaucoup trop simple à mon goût, pas de mise en situation réelle, encore moins d’analyses sur les limites (latence, coûts, dérivés des modèles, aspects légaux).

Résultat : au lieu de repartir avec des outils concrets, j’ai eu l’impression que l’IA était surtout là pour cocher la case “tendance du moment”.

Pas de hands-on inclus (sauf si tu rajoutes au panier)

Deuxième frustration : pas de sessions pratiques intégrées dans le pass. Les ateliers étaient proposés la veille, en supplément. Et quand le billet coûte déjà entre 419 € et 619 €, on s’attends quand même à plus.

Le prix qui pique pour un junior

Et puisqu’on parle d’argent : soyons francs, pour un junior, l’investissement est costaud. Entre le billet, le transport, l’hébergement, l’addition grimpe vite. Alors oui, j’ai eu la chance que mon entreprise, SFEIR, ait investi sur moi et financé ce voyage (et franchement, merci 🙏). Mais je sais que si j’avais dû payer de ma poche, la question du retour sur investissement aurait été beaucoup plus douloureuse.

Car la vérité, c’est que si tu n’es pas en train de migrer sur Spring Boot 3.5 ou d’expérimenter activement Spring AI, tu repars surtout avec de l’inspiration et du réseau. C’est précieux, mais pas toujours suffisant pour justifier le ticket d’entrée.

Ce que j’ai adoré

Heureusement, il y a eu des moments qui valaient largement le déplacement.

Victor Rentea : Top 10 REST API Design Pitfalls

Coup de cœur #1 — Victor Rentea : Top 10 REST API Design Pitfalls

Un talk comme on les aime : clair, rythmé et drôle.Victor a ce talent rare de transformer des évidences en révélations. On a tous déjà bossé sur des APIs REST, mais après sa session, tu ressors avec une checklist mentale qui te permet d’identifier instantanément les pièges dans tes propres services.

Les idées fortes que j’ai retenues :

  • Cohérence avant tout : erreurs, codes HTTP, conventions → réduire l’entropie côté client.
  • Idempotence pragmatique : choisir POST ou PUT pour de vraies raisons, en pensant aux retries et aux duplications.
  • Paramètres prévisibles : pagination, tri, filtres → pas de surprises pour l’appelant.
  • API = contrat : et un contrat, ça se teste.
  • Versionner sans s’enfermer : communiquer, déprécier, assumer la vie des versions.

Mais au-delà du contenu, c’est l’énergie de Victor qui m’a marqué. On sortait de son talk avec l’envie pressante de refactorer nos endpoints dès le lendemain. Si vous avez l’occasion d’assister à un de ses talks, foncez les yeux fermés.

Coup de cœur #2 — Taylor Desseyn : Exposing the Interview Process

Une conférence non-tech… qui a fait du bien.Taylor a rappelé une réalité trop souvent ignorée : coder ne suffit pas. Il faut aussi savoir raconter son parcours et la valeur qu’on apporte.

Ses messages-clés 100 jours plus tard :

  • Parler résultats et pas seulement tâches (“j’ai fait X” → “ça a amélioré Y de Z%”).
  • Adapter ses supports (CV, LinkedIn, portfolio) au vocabulaire du poste visé.
  • Pratiquer un networking utile : demander des feedbacks précis, et surtout écouter vraiment.

Et ce qui faisait la différence, c’était son énergie : concrète, tonique, jamais culpabilisante. On sentait qu’il avait vécu les deux côtés (candidat et recruteur), et ça donnait une boussole précieuse pour préparer sa prochaine étape. Il a su capter mon attention jusqu’à la fin, malgré l’heure tardive , chapeau !

Mon ressenti plus de 100 jours plus tard

Ce que j’ai retenu en tant que junior

  • Le speaker fait 80% de la valeur d’un talk. Je pense qu'effectivement il faut choisir des sujet intéressant mais surtout qu’il faut faire un travail en amont pour trouver les meilleurs speaker parce que quand vous en êtes à votre 6ème conférence de suite il faut un speaker très talentueux pour être capable de maintenir votre attention.
  • Les annonces Spring étaient intéressantes, mais pas révolutionnaires pour mon quotidien actuel.
  • Je repars quand même avec des idées, des envies et des talks que j’ai trouvés très intéressants.

Le vrai ROI (spoiler : ça dépend)

  • Si ton équipe est déjà en route vers Spring Boot 3.5 ou Spring AI, Spring I/O est un accélérateur.
  • Si ton SI est en mode “stabilité”, la valeur est plus diffuse : inspiration, vision, réseau.
  • Et sans le soutien de ton employeur (merci encore à SFEIR ❤️), c’est un investissement difficile à justifier pour un junior.

Conclusion : un bilan honnête et un peu mitigé

100 jours plus tard, je garde un sentiment… mitigé.

  • L’IA ? Trop générique, pas assez actionnable avec ce que j’ai pu voir durant la spring IO.
  • Le prix ? Élevé pour repartir avec aussi peu de concret.
  • Les hands-on ? Absents, sauf en option payante.

Mais… quand un speaker est excellent, tout change.Victor Rentea et Taylor Desseyn font partie de ceux qui m’ont montré la véritable valeur d’une conférence, en m’apportant des repères clairs et un vocabulaire commun qui me servent encore aujourd’hui.

En résumé : Spring I/O, c’est une expérience à vivre au moins une fois. Mais pour en tirer un vrai ROI, il faut :

  • choisir ses talks avec soin,
  • aligner la conférence avec sa roadmap d’équipe,
  • et miser sur la force des bons orateurs.

Remerciements — Merci à SFEIR pour le soutien, aux organisateurs de Spring I/O, et aux speakers qui ont marqué cette édition, en particulier Victor Rentea et Taylor Desseyn.

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